Michel Debré est le premier chef de gouvernement de la Ve République. Il a été nommé en janvier 1959 par le président de la République Charles de Gaulle. Il a contribué de façon décisive à la rédaction de la Constitution de 1958 qui inaugure cette nouvelle République. La guerre d’Algérie bat son plein mais, au début des années soixante, avec Michel Debré, la France s’apprête à connaître l’apogée des Trente glorieuses.
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Biographie
Né le 15 janvier 1912 à Paris et décédé le 2 août 1996
Maître des requêtes au Conseil d'État
Membre de l'UDSR puis du Parti radical-socialiste, du RPF et de l'UNR
Premier ministre de janvier 1959 à avril 1962
Fils du professeur de médecine Robert Debré, Michel Debré est docteur en droit. Il est reçu en 1934 au concours du Conseil d'État, dont il devient maître des requêtes.
En novembre 1938, il entre au cabinet du ministre des Finances Paul Reynaud. Dès 1942, Miche Debré est actif dans la Résistance intérieure, et a notamment pour mission de préparer la désignation des futurs préfets de la Libération.
Commissaire de la République, il est chargé en 1945 de préparer une réforme de la Fonction publique qui se traduit notamment par la création de l’École nationale d’administration.
MICHEL DEBRÉ À L'HÔTEL DE MATIGNON
Garde des Sceaux et ministre de la Justice en 1958, principal inspirateur, avec de Gaulle, de la nouvelle Constitution, il est le premier chef de gouvernement à en fixer la pratique. En janvier 1959, au lendemain de son élection à la présidence de la République, le général de Gaulle le nomme Premier ministre. Il partage avec le président une immense ambition de rénovation pour la France. Il a de nombreux projets, pour beaucoup déjà mûris. Son premier gouvernement compte certes nombre d’hommes politiques ayant déjà été ministres. Mais il est aussi marqué par le fait que sur 27 ministres, 10 ne sont pas des parlementaires. Il s’agit de signifier la fin du « règne des partis » et le fait que la nomination du gouvernement participe des prérogatives de l’exécutif.
Discours de politique générale, 15 janvier 1959
Dans sa longue allocution, le Premier ministre met en avant l’importance du renouvellement des institutions et la personnalité du général de Gaulle. Face aux troubles, il affirme que le succès ou l’échec de l’exécutif seront ceux de la République toute entière (« L'échec des institutions ne mènerait par à une nouvelle expérience démocratique, mais à une dictature »). Si la question économique et sociale est longuement abordée, le fait central est l’Algérie (« Dans nos préoccupations nationales, l'Algérie a la priorité absolue »). Néanmoins, celle-ci n’est pas considérée seule, mais reliée à l’ensemble de la géopolitique française (« Algérie, Communauté, alliance atlantique et coexistence, Europe : partis de la France, nous revenons à la France »). L’analyse internationale met également en avant la nécessité de la réconciliation franco-allemande (« c'est dans les yeux des jeunes Allemands que les jeunes Français doivent regarder leur avenir, et réciproquement, c'est dans les yeux des enfants de France que les enfants d'Allemagne doivent imaginer le leur »).
Une nouvelle pratique constitutionnelle
Parlementaire chevronné, Michel Debré a une lecture de la Constitution moins centrée sur le président de la République que celle du général de Gaulle. Au fil des sessions, il honore l’Assemblée de discours d’une grande tenue. Homme du président, il se considère comme le chef de la majorité parlementaire.
Il loge à Matignon avec sa famille, comme la plupart de ses successeurs sous la Ve République. La charge de Premier ministre exige, selon lui, d’« être prêt à tout moment à faire face aux événements et à décider en conséquence ».
Si le général de Gaulle conduit la politique extérieure de la France, secondé par deux proches aux Affaires étrangères et à la Défense, Michel Debré est en première ligne devant l’Assemblée pour défendre la nécessité de disposer d’un arsenal national de dissuasion nucléaire à travers une loi de programme. Par trois fois, il engage la responsabilité du Gouvernement sur ce sujet qui fit l’objet d’un débat mémorable.
Face à la crise algérienne
Sur la question algérienne, Michel Debré, qui fut un ardent défenseur de la présence française en Algérie, devient favorable à un statut de large autonomie. Son sens de l'État et sa fidélité au général le poussent à accepter le principe d’un référendum sur l’autodétermination algérienne.
Il réagit avec fermeté au putsch des généraux et, dans cette crise, s’adresse solennellement par deux fois aux Français. Son gouvernement est à l’origine, en 1961, du premier ministère de la Coopération.
Une action résolue pendant les Trente glorieuses
Michel Debré donne l’impulsion en matière économique et sociale.
Pour renforcer l’investissement productif, il l’encourage par des mesures fiscales et un assouplissement du crédit. Les résultats dans ce domaine sont spectaculaires : augmentation de l’investissement à un rythme annuel de 10 %, accroissement de la production annuelle de l’ordre de 6 % par an… la France de De Gaulle connaît l’apogée des Trente glorieuses et bénéficie de l’assainissement des finances publiques permis par le plan de redressement Pinay-Rueff. Malgré la guerre d’Algérie, le déficit budgétaire et l’inflation sont réduits.
Un partisan de la promotion sociale par le mérite
Sur le terrain de l’éducation, il met fin à la querelle scolaire. Après un débat souvent vif, il parvient à faire voter, par 427 voix contre 71, une loi associant les établissements privés d’enseignement à l’État.
Il met aussi en application la réforme des centres hospitalo-universitaires inspirée par son père, réforme la Sécurité sociale en réorganisant les différentes caisses, et institue le conventionnement du tarif des médecins.
La loi Malraux
C’est à Michel Debré que revient l’initiative de la première loi Malraux, première loi de programme de restauration des monuments historiques. Soucieux du patrimoine de la France, il invente les secteurs urbains sauvegardés et les parcs naturels. Aidé par un comité interministériel, il suit en détail les affaires de la région capitale, s’intéressant au déplacement des Halles à Rungis ou à la future tour Maine-Montparnasse.
Un bilan inédit qui touche à toutes les sphères de l’action gouvernementale
L'APRÈS-MATIGNON
Michel Debré est élu député de la première circonscription de La Réunion le 5 mai 1963. Il est élu maire d'Amboise en 1966 et le demeure jusqu'en 1989.
Michel Debré occupe ensuite des postes ministériels :
ministre de l'Économie et des Finances (avril 1967-juillet 1968) dans le gouvernement Pompidou ;
ministre des Affaires étrangères (juillet 1968-juin 1969) dans le gouvernement Couve de Murville ;
ministre d'État, ministre de la Défense nationale (juin 1969-juillet 1972) dans le gouvernement Chaban-Delmas. À ce titre, il est l'auteur du premier Livre blanc sur la défense nationale, en 1979.
Le dernier hommage de la République à l’un des siens
Michel Debré décède le 2 août 1996, à l'âge de 84 ans. À ses obsèques à
Saint-Denis d’Ambroise (Indre-et-Loire), sont présents le président de
la République Jacques Chirac, le Premier ministre Alain Juppé, venu avec une quinzaine de membres de son gouvernement, les anciens Premiers ministres Pierre Messmer et Édouard Balladur,
des personnalités du gaullisme, ainsi que des responsables nationaux et
étrangers. Deux mille personnes s’étaient rassemblées autour de
l’église. Les drapeaux des anciens combattants ont formé une haie
d'honneur pour la sortie du cercueil qui, déposé sur le parvis, a été
recouvert d'un drapeau tricolore, devant des détachements militaires,
dont ceux de l'École d'application de l'arme blindée de Saumur dont Michel Debré était sorti major. Après que furent joués la sonnerie aux morts et le Chant des partisans,
quatre militaires ont emporté le cercueil sur lequel avaient été
disposées l'épée d'académicien et la cravate de Commandeur de la Légion d'honneur de l’ancien Premier ministre.
LES PRINCIPALES LOIS DU GOUVERNEMENT DEBRÉ
Parmi les nombreuses réformes entreprises par Michel Debré, on peut noter :
la mise en œuvre du plan de redressement économique et financier dit « plan Rueff-Pinay » présenté en décembre 1958 ;
la loi dite loi Debré sur l'aide de l'État à l'enseignement privé (31 décembre 1959) ;